Depuis quelques années, les recherches linguistiques sur les langues africaines ont connu un essor fulgurant. Ces travaux de recherches reposent au préalable sur une bonne connaissance des outils propres à la pratique de l’enquête de terrain. Longtemps laissée aux sociolinguistes, l’enquête de terrain est devenue un moyen de constitution de données permettant d’étudier différents types de réalisations phonétiques, morphologiques, lexicologiques et syntaxiques. Outils d’appoint et d’attestation pour certains linguistes, elle est pour d’autres un véritable champ d’investigation à même de confirmer ou d’infirmer des hypothèses de recherches, de corriger ou de nuancer une généralisation théorique.

L’atelier thématique « Techniques d’enquête de terrain » est une idée des enseignants du Département de Linguistique et Sciences du Langage. Il se tiendra à l’occasion du colloque international de linguistique de Dakar (CILDAK). 

L’objectif est, avant tout, de faire bénéficier aux doctorants et aux jeunes chercheurs de l’avancée des connaissances sur le travail de terrain. Cet atelier mettra l’accent sur la collecte de ressources linguistiques d’une part, sur les méthodes d’analyse des données d’autre part. Dans cette perspective, l’atelier abordera principalement les questions relatives à la constitution de corpus à travers les différents types d’enquêtes, à l’exploitation et à l’analyse des données en expliquant comment exploiter au mieux les données linguistiques avec des interventions centrées sur des logiciels comme ELAN et FLEX. Cet atelier thématique se veut par conséquent une formation axée essentiellement sur les langues parlées au Sénégal.

L’atelier sur  « Techniques d’enquête de terrain » de manière concrète mettra l’accent sur le recueil, le traitement et la diffusion des données ainsi que sur l’usage de l’informatique. Afin de répondre au mieux aux désirs des participants, nous proposons deux axes :

– La table ronde « Méthodologie, Méthode et Théorie » vise à permettre aux participants de se familiariser avec les nouvelles théories sur les processus et les méthodes de recueil de données. Une place importante sera accordée aux rapports entre les données et les angles épistémologiques qui feront l’objet de discussions. Dans un premier temps, il sera question d’expliquer l’approche empirico-déductive et dans un second temps celle hypothético-déductive. 

– Des séances de travaux pratiques seront proposées. La démarche consistera à choisir un informateur (locuteur natif) qui présentera sa langue de spécialité. Pour un tel exercice, nous proposons de travailler sur deux sous-domaines : la phonétique/phonologie et la morphologie.

Ce travail vise à expliquer les types d’enquêtes pouvant permettre de collecter des données portant sur un thème de recherche. Il permettra aux apprenants de mieux se familiariser à l’élicitation et au stimulus. Ces deux techniques d’enquête de terrain, peu exploitées lors des enquêtes de terrain, aident à pallier le manque d’information. Il sera aussi question de montrer comment recueillir des textes lors d’une enquête de terrain.

En ce qui concerne les outils d’analyse et de diffusion de données, il sera question de montrer les outils d’exploitation :

– Les logiciels (Elan, Toolbox, Flex) ;

– Le traitement des corpus multilingues ;

– Les techniques de diffusion de recherches.

Après les exposés théoriques, des ateliers pratiques seront organisés en trois (03) groupes. Le premier mettra l’accent sur les enregistrements sonores. Étant donné que l’enregistrement des données est une étape importante qui détermine la suite du déroulement de l’enquête, l’accent sera mis sur les défauts de l’enregistrement. A cet effet, un exposé des outils de traitement suivi d’une présentation succincte de leurs fonctionnalités majeures sera fait. Le deuxième groupe s’intéressera au recueil de données textuelles sur deux langues peu ou pas documentées. Enfin, dans le troisième groupe, il sera question de montrer les différentes formes de diffusion du travail.